F.F.S.A


La crise économique et financière que nous traversons n’a épargné aucun secteur d’activité. Son ampleur a été sans précédent mais la mobilisation des Etats pour la contrer a également été inédite, ce qui s’est notamment traduit par des plans de soutien massifs à l’activité, mais également par une nouvelle manière de percevoir l’équilibre du monde et ses enjeux (émergence du G20…).Pour autant, restons prudents.

Les effets de la crise sont loin d’avoir été tous résorbés, notamment en termes d’emplois. Nous-mêmes assureurs n’avons pu sortir indemnes de ce contexte, même si le secteur a montré une indéniable capacité de résistance et que le modèle économique de l’assurance n’a pas été remis en cause. L’assurance française est en état de marche et nous pouvons en être fiers.

Avant de vous détailler la feuille de route de la FFSA pour les semaines et les mois à venir, quelques mots simplement qui me tiennent à cœur et qui vont je l’espère vous convaincre de l’importance de notre secteur : la gestion du risque.

Deux choses caractérisent nos sociétés à l’époque moderne : l’extension des domaines à risques d’une part, l’aversion grandissante de la population à ce risque d’autre part. Le plus clair symbole de cette aversion, c’est le principe de précaution. Pensez aux OGM, aux antennes relais, à la pandémie, aux risques nanotechnologiques comment dans ces conditions aller de l’avant et être prêt à s’engager si ce n’est en se donnant les moyens précisément de limiter ces risques ? La gestion des risques va donc être la grande affaire du XXIe siècle et c’est pourquoi l’assurance est appelée à jouer un rôle essentiel dans l’après-crise.

Une mission évidente pour la FFSA : valoriser le dynamisme collectif et le savoir faire d’un secteur et de ses acteurs, aussi protéiformes soient-ils. Nos priorités sont nombreuses, mais j’ai pour ambition avec Jean-François Lequoy d’être à la tête d’une Fédération qui peut parler au nom de tous, qui informe les pouvoirs publics et coordonne les pratiques, qui est en première ligne avec une volonté d’efficacité et de réactivité.

C’est ce que nous avons tenté de mettre en œuvre à l’occasion de la tempête Klaus. Nos équipes et nos correspondants FFSA-CDIA se sont mobilisées avec beaucoup de dévouement et de professionnalisme pour relayer les informations utiles dans les médias, notre site a été régulièrement mis à jour, nous nous sommes efforcés de répondre à l’ensemble des demandes. Au total, on peut toujours faire mieux, mais je crois que nos concitoyens ont été satisfaits du travail des assureurs et que la profession dans son ensemble a fait à cette occasion une démonstration de son efficacité au service des Français.

Souci de réactivité donc, mais également d’efficacité par exemple en matière de développement durable. À un moment où la plupart des acteurs de la société sont concentrés sur une vision court-termiste, la profession s’est effectivement impliquée dans ce défi de long terme qui concerne toutes les activités : le développement durable. L’AFA s’est dotée en janvier dernier d’une charte en la matière. Nous partageons la conviction que l’assurance constitue un vecteur incontournable de la diffusion du développement durable au sein de la société : non seulement parce que nous sommes des acteurs-clés de la préparation de l’avenir et du développement économique, mais parce qu’il est dans notre mission d’anticiper et de gérer les risques sur le long terme.

L’ensemble des engagements contenus dans la Charte donne une visibilité aux ambitions et objectifs de la profession sur le champ de la responsabilité sociale et environnementale, et il positionne le secteur de l’assurance comme un acteur économique responsable.

On redécouvre une évidence, mais le rôle d’une Fédération est avant tout de fédérer. Nous sommes décidés à aller plus loin avec nos membres dans cette direction. Toutes nos actions visent à permettre, autant que possible, aux assureurs français d’aborder chacun des sujets de manière coordonnée et de gérer ensemble les grandes mutations structurelles du secteur.C’est ce que nous avons entrepris de faire sur les grands dossiers européens comme sur la réforme de la supervision financière, sur la gestion de la crise financière comme sur les conséquences des événements naturels de grande ampleur, sur la prévention comme sur les accords avec les partenaires sociaux. Ce travail s’accomplit à l’intérieur de la FFSA comme à l’extérieur.Nous dialoguons ainsi avec nos partenaires du Cetip et de la FNMF. Nous continuons avec Gérard Andreck, le Président du GEMA, à renforcer nos liens dans le cadre de l’Afa, l’Association française de l’assurance.

Dans la même perspective, et c’est également une des missions importantes de la FFSA : faire connaître auprès du grand public et des pouvoirs publics notamment la réalité d’une profession, au-delà des images d’Epinal et des clichés qui accompagnent ce secteur depuis trop d’années. Ainsi l’assurance joue un rôle de stabilisateur dans la période actuelle, compte tenu de son expertise à gérer l’épargne sur le long terme, du caractère raisonnable de ses choix économiques, de la stabilité de ses entreprises et de sa politique sociale. Autant d’atouts à faire connaître et à valoriser. Sa contribution au financement de l’économie, notamment au soutien des entreprises, reste considérable.

Plus de la moitié des 1 200 milliards d’euros de placements des sociétés d’assurance vie sont investis en titres d’entreprise (actions ou obligations) et un tiers finance la dette obligataire des États, et donc les plans de relance. À ce volet macro-économique, s’ajoute une dimension sociale : l’assurance est un secteur qui continue à embaucher toutes les catégories de salariés. De nombreuses initiatives sont menées en matière d’apprentissage, de promotion de la mixité et de la diversité, notamment à destination des jeunes.

Il nous incombe également de jouer pleinement notre rôle d’acteur économique. L’assurance vie est ainsi réapparue comme un placement essentiel aux yeux des Français, celui qui offre le meilleur rapport entre la sécurité et la performance. Pour que le secteur puisse continuer à drainer l’économie tout entière, il est donc essentiel d’envoyer des signaux positifs à l’épargne longue.

C’est pourquoi la FFSA s’attelle particulièrement à promouvoir une mesure qui permettrait de préserver la capacité d’investissement en actions des assureurs et de redonner confiance aux épargnants. Cette mesure consiste à inciter les personnes qui ont un contrat d’assurance vie à s’engager pour une durée de douze ans. Impulser un réflexe européenPriorité également à l’Europe. L’Europe est un champ d’action dont il va falloir nous saisir avec dynamisme et volontarisme. La Fédération vient d’ouvrir un bureau permanent à Bruxelles afin de mieux faire connaître ses positions auprès des instances européennes et de mieux répondre à leur demande. L’Europe est une dimension permanente de notre activité : c’est la raison pour laquelle Jean-François Lequoy et moi nous partageons la représentation de la fédération auprès du CEA, le comité européen de l’assurance et que nous avons tenu à organiser un séminaire de deux jours au siège de la FFSA avec l’ensemble des salariés, pour écouter et débattre avec des assureurs, des parlementaires, des universitaires, des avocats et des praticiens de la Commission comme du Parlement.

La semaine prochaine nous serons de nouveau à Bruxelles pour inaugurer officiellement ce bureau et rencontrer à cette occasion l’ensemble de nos partenaires institutionnels.Nous devons également renforcer notre collaboration avec le CEA comme avec les autres fédérations nationales pour mieux intégrer la dimension communautaire dans nos raisonnements et nos dossiers. Nous multiplions cette semaine les rencontres avec nos homologues polonais, espagnols, italiens… pour bien appréhender ces enjeux.

Qui dit Europe dit également Solvabilité II. Cette directive est l’illustration de ce que je viens juste de dire : l’avenir de la profession se traite autant à Bruxelles qu’à Paris. Sauf qu’à Paris, il n’y a que nous autour de la table, même si la famille est nombreuse et pas toujours d’accord entre elle; alors qu’à Bruxelles, il y a 27 États et que les décisions s’y prennent le plus souvent à la majorité, c’est-à-dire éventuellement sans nous. Cette directive est sans doute le texte le plus important depuis des années concernant l’assurance.

Dans les circonstances qui l’ont accompagné, c’est le moins mauvais des compromis. Solvabilité II, il faut partir de là, est un progrès par rapport à Solvabilité I. La directive introduit des critères de solvabilité plus sophistiqués, prenant mieux en compte les risques auxquels sont confrontés les assureurs. Les négociations ont été engagées il y plusieurs années et il faut continuer de tirer les conséquences de ce qui n’a pas marché dans la conduite côté français de ces négociations, notamment de l’asymétrie concédée aux anglo-saxons qui exonère leurs fonds de pension des contraintes qui pèsent sur notre assurance vie.

Nos efforts pour fédérer la profession autour d’une plate-forme unique et une coopération exemplaire avec les autorités françaises a permis d’obtenir, quelques mois plus tard de réelles compensations. D’une part, les capitaux à mobiliser seront plus faibles lorsque les marchés d’actions seront en bas de cycle afin d’éviter l’effet « procyclique», d’autre part, les niveaux de fonds propres exigés seront abaissés en fonction de la durée de détention des actions qui sont en représentation d’engagements longs, comme la retraite.

Mais il est nécessaire de rester vigilant. Ce texte ne fixe qu’un cadre et nous venons d’ailleurs d’alerter Madame Lagarde sur la manière dont le CEIOPS traitait le dossier depuis quelques semaines. La FFSA mobilise des moyens importants pour examiner tous les dossiers adressés par les autorités européennes en temps réels, pour mieux se coordonner avec les autres familles de l’assurance.

Participer davantage au débat publicAutre grande priorité qui nous a été demandée par nos membres : faire entendre notre voix dans les grands débats de société. L’assurance française est en effet concernée par tous les sujets majeurs qui touchent la société : qu’il s’agisse de santé, d’épargne, d’accidents de la route, de retraites, de catastrophes naturelles, de nouvelles technologies, d’attentats… Mieux, sur chacun de ces sujets, elle apporte un angle d’analyse dominé par les préoccupations de long terme, ce qui fait d’elle le plus souvent un soutien aux choix d’intérêt général. Il serait donc normal que l’assurance soit présente dans le débat public, qu’elle y joue un rôle d’animateur, qu’elle apporte aux parties prenantes les informations – par exemple statistiques – utiles à l’analyse des dossiers.

Dans cette perspective, pour créer des passerelles entre le monde de l’assurance et la société civile, j’ai réuni au sein du CORA, des personnalités reconnues dans leurs domaines, libres et indépendantes, issues de générations et d’horizons divers, avec pour objectif d’intensifier les échanges entre le monde de l’assurance et la société civile. Cela constitue pour les assureurs l’opportunité d’enrichir leurs réflexions d’une culture sociétale nécessaire pour répondre aux grands défis de notre époque. Sur des sujets aussi variés que la dépendance, la responsabilité civile médicale, les dommages corporels ou les retraites, le CORA nous apporte des éléments de réflexion qui enrichissent notre savoir faire et nos propositions.

L’assurance a également un rôle majeur à tenir dans la prise en charge des problèmes auxquels l’État, compte tenu des déficits croissants, n’est plus en mesure de répondre seul : retraites, remboursement des frais médicaux, dépendance des personnes par exemple.

Le marché concurrentiel a d’ores et déjà prouvé sa capacité à offrir des services et des produits répondant aux besoins des Français. Les assureurs souhaitent donc agir avec l’Etat grâce à des partenariats public-privé pour éviter que ne soient reportées de manière systématique les charges financières sur les générations futures.2010 devrait être marqué par le débat sur la dépendance qui est un sujet économique et sociétal majeur dont le CORA s’est déjà emparé.

Ce débat devrait permettre d’apporter une réponse parmi toutes celles nombreuses à trouver face au vieillissement de la population et pose des repères importants en vue de la modernisation de la protection sociale. Nous organiserons sur ce sujet comme sur celui des retraites plusieurs manifestations publiques au sein de la FFSA.Un accent tout particulier sera également mis sur la prévention. Celle-ci fait partie intégrante de notre métier et est inhérente à la gestion des risques. Pour accroître l’efficacité de nos actions en la matière, nous avons donc décidé de créer une association qui supervisera l’ensemble de la politique de prévention professionnelle dans tous les secteurs.

Nous souhaitons également développer et intensifier la sensibilisation du législateur comme des pouvoirs publics sur ce thème, et faciliter la communication avec le grand public : un site Internet entièrement dédié à la prévention sera créé en ce sens et verra le jour dans quelques semaines maintenant.

Les actions sont donc nombreuses, et je ne vous ai pas parlé de nos efforts sur la modernisation des outils de communication de la FFSA, notamment sur Internet, ou de notre volonté d’organiser des événements en régions susceptibles de répondre aux objectifs que j’ai évoqué. Mais nous ne manquons ni de talents, ni d’idées, ni d’ambition !

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